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Présenté officiellement le 23 avril 1965 au Palais des Sports à Paris, le projet D12, alias la 204, était déjà connu depuis de nombreux mois du public, car l'Auto-Journal avait publié, dès juin 1963, les premiers dessins de la voiture et les premières photos définitives en décembre 1964. Petite anecdote au passage : l'Auto-Journal avait présenté les photos d'une "204" en 1959, mais il s'agissait en fait de la future 404 qui allait sortir en mai 1960.
Proposée uniquement en version berline grand luxe 4/5 places, la 204 disposait donc, dès le début de série, de l'option toit ouvrant. Le moteur quatre cylindres de 1 130 cm3 (6 cv fiscaux) développait 58 ch SAE (53 ch DIN) et permettait d'atteindre 138 km/h. Pour la première fois sur une Peugeot le freinage était confié à des disques (à l'avant). Le lancement de ce nouveau modèle était un événement d'importance commerciale chez Peugeot, car, depuis la fin de la guerre, le lion ne possédait qu'un seul modèle "phare" en même temps.
La "montée" en gamme s'éloignait au fur et à mesure du principe d'une petite voiture populaire et polyvalente. La 203 sortie en 1948 (7 cv fiscaux) fu remplacée par la 403 sortie en 1955 (8 cv), elle-même remplacée par la 404, sortie en 1960 (9 cv). La 504 (10 cv) sortira quant à elle en 1968. Cette nouvelle voiture, inédite, devait donc plaire au public qui ne s'était pas vu proposer de berline de taille moyenne depuis les 202 et 203 (on notera d'ailleurs que, chez Citroën, il n'y avait pas non plus de berline équivalente à cette époque).
La sortie de la 204 permettait enfin à Peugeot de jouer dans la cour des grands, car n'oublions pas qu'à cette époque le Lion n'est que le quatrième constructeur français derrière Renault, Citroën et Simca, qui eux proposent depuis longtemps des gammes beaucoup plus variées. A l'époque, l'image de marque est très différente d'un constructeur à l'autre, celle de Peugeot paraît très traditionnaliste, paternaliste et dénuée d'innovations ou d'originalités comme Citroën, Panhard ou même Simca pour qui l'Aronde est depuis plusieurs années l'exemple vivant de l'importance d'un modèle populaire de milieu de gamme. Détail amusant, la même année Renault sort la R 16 pour concurrencer la 404, tandis que Peugeot sort la 204 pour concurrencer la R 8 (et la R 10 qui sera présentée en juillet 1965). Face à la nouvelle Peugeot, la concurrence mettra du temps à réagir. Le premier sera Simca avec la sortie de la 1100 en 1967 (plusieurs ingénieurs transfuges de chez Peugeot participeront à sa création...), le second sera Renault avec la R12 en 1969 et en dernier Citroën avec la GS en 1970. Au lancement de la 204, le marché des moins de 7 chevaux fiscaux représentait déjà plus de 65 % du parc automobile français.
Le Lion frappe donc un grand coup en présentant une voiture aussi moderne et novatrice pour l'esprit "peugeotiste" de l'époque, immense succès qui fera de la 204 la voiture la plus vendue en France, trois années de suite! (1969, 1970, 1971), loin devant les Renault 4, 6 et 16, les Citroën 2 CV, Dyane et Ami ainsi que la Simca 1100 (sortie en 1967) ; et ce malgré la sortie de sa petite soeur la 304, en 1969. La seule version berline de la 204 se vendit à plus d'un million d'exemplaires jusqu'en juillet 1976.
La Berline 204 de 1966
Le break millésime de 1973
Le cabriolet en 1969 
Le 23 avril 1965 est une date importante pour le constructeur du Doubs, préparée depuis longtemps chez tous les concessionnaires et agents de la marque. Les premières 204 livrées en caisse le 22 avril font l'objet, depuis le 5 avril, d'une campagne publicitaire où le marketing a été particulièrement bien étudié pour accueillir le nouveau modèle au milieu des 404 et des 403 (ces dernières vivent leurs derniers mois de production). Le suspense est soigneusement entretenu, particulièrement à partir du 14 avril avec la mise en place du matériel publicitaire dans toutes les concessions (plaquettes, banderoles, monogrammes "204", pancartes, cocardes...). Le service de presse Peugeot (qui était alors installé avenue de Friedland à Paris) a demandé à la presse de ne rien dévoiler à son sujet avant le 20 avril au matin, en échange des essais qui eurent lieu pour elle début avril, dans la banlieue ouest de Paris, suivant trois trajets soigneusement établis.
La veille du jour "J", les voitures livrées dans toutes les concessions furent rodées (environ 500 km) dans la nuit afin d'être prêtes, dès le surlendemain, pour les premiers essais, invités et presse locale, puis clients.
Les concessions ne fermèrent pas ce week-end là, et les premiers clients purent essayer la 204 le samedi 24 et le dimanche 25 avril. Très précisément orchestré, le lancement de la 204 devait d'ailleurs aboutir à ce que chaque direction régionale de la marque adresse, avant la fin juin, des rapports complets et détaillés sur les essais réalisés, les commandes prises, ainsi que l'état et le comportement des 204 de démonstration.
Après la grande cérémonie d'intronisation du Palais des Sports, où tout Paris était invité pour contempler les 500 exemplaires présents, vendre cette nouvelle voiture fut une autre paire de manches. La clientèle "peugeotiste" traditionnelle se trouvait pour la première fois devant une traction avant, ayant adopté beaucoup de nouveautés, le tout dans une carrosserie aux lignes classiques, mais tranchant nettement sur ce que le Lion de Sochaux avait produit jusqu'alors. Le pari était loin d'être gagné, et le dédoublement de la gamme par un modèle "intermédiaire" avait fort à faire avec une concurrence vaste et sérieuse. Elle se trouvait en concurrence avec les Ford Cortina 1200, Simca 1300, Renault 8 Major, Ford Taunus 12M, Morris 1100, Opel Kadett et Volkswagen Coccinelle 1200, pour citer les principales. Dès le Salon de l'auto 1965, une version break fit son apparition.
Ce break doté de la même mécanique que la berline fut un immense succès, puisqu'il fut construit à près d'un demi-million d'exemplaires jusqu'en juillet 1976, soit presque un break construit pour deux berlines produites, phénomène assez rare pour ce genre de véhicule. Il acceptait presque 1,5 m3 de bagages. Ses concurrents principaux étaient le break Simca 1300, la Fiat 1100 Familiale, la Triumph Herald break et la Ford Cortina 1200 break. Le break 204 était celui qui roulait le plus vite, consommait le moins, et était pratiquement le moins cher à l'achat et à l'utilisation... Il remporta d'ailleurs le grand prix de l'art et de l'industrie automobile 1965.
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Evolution de la berline en 1968
La berline, elle, échoua à l'élection la voiture de l'année 1965 face à la Renault 16 ; l'audace payait face à l'austérité. Du coup, Sochaux changea son fusil d'épaule et la 204 eut droit à l'apparition de quelques chromes et de nouveaux enjoliveurs de roues (montés dès le début de série sur le break).
En mars 1966, une nouvelle version est lancée pour compléter la 204 grand luxe : la berline luxe. Il s'agissait d'une version simplifiée sans ventilateur débrayable ni assistance de freinage (proposé depuis la même époque sur les berlines grand luxe). Elle fut vendue pas mal auprès des administrations et de l'armée, généralement de couleur noire avec des sièges en skaï rouge.
Trois événements importants ont lieu également en 1966 : la mort de Jean-Pierre Peugeot qui dirigeait les Automobiles Peugeot depuis la fin de la guerre, et celle de Battista Farina (alias Pininfarina) remplacé à la tête de sa société par son fils Sergio. Et un accord industriel d'importance entre Peugeot (devenu Peugeot PSA) et Renault, aussi surprenant qu'inattendu, et qui mettra en route une collaboration qui aboutira notamment aux motorisations communes de certains modèles des années soixante-dix...
En septembre 1966, le coupé, le cabriolet et la fourgonnette 204 font leur apparition. Les deux premiers sont sur empattement réduit de 29 cm et constituent des véhicules originaux à tendance sportive (enfin en théorie!), le troisième est un utilitaire basé sur le break dénué de portes arrière et où la banquette arrière a été remplacée par un plancher plat afin d'obtenir un véhicule utilitaire à moindre frais. On dépasse alors les 1,5 m3 de chargement, ce qui est un cas unique, à l'époque, pour un véhicule de ce type, inférieur à 4 mètres de long. Les berlines ont droit au restyling de l'arrière avec le même aspect que les coupés et cabriolets, délaissant cette face arrière si caractéristique qui était loin de faire l'unanimité.
Le cabriolet, prévu de longue date, était un peu la revanche des stylistes de la Garenne face à l'équipe de Sergio Pininfarina qui leur avait coupé l'herbe sous le pied en 1961, en présentant le magnifique cabriolet 404, "made in Italy" ! Cette fois, c'est l'équipe française qui avait fait fort. En plus, ils avaient réussi ce tour de main en réutilisant de nombreux éléments de la berline, ce qui permit une industrialisation et une commercialisation à un coût intéressant. Le prix de vente n'était que de 20% supérieur à celui d'une berline, alors qu'une 404 "italienne" valait 60 % de plus qu'une berline ! Il faut avouer que différentes études de marché furent menées préalablement et que la concurrence directe du Spider 850 Fiat, vendu à un prix très compétitif, avait poussé Peugeot à rester sage au niveau de la tarification.
En 1963, Roland Peugeot était tombé sur une esquisse de Paul Bouvot pour un coupé 2 + 2 établi sur la base du cabriolet... et le Lion fit d'une pierre deux coups. Les premiers exemplaires furent assemblés en mai 1966 et la production commença véritablement en septembre. Construits en sous-traitance chez Chausson, puis motorisés à Sochaux, ces deux dérivés connurent un grand succès, et la très belle ligne du coupé valut même à Paul Bouvot le Grand Prix de l'art et de l'industrie automobile 1966. Premier coupé traction avant chez Peugeot, premier à posséder la "troisième" porte qui deviendra tellement à la mode par la suite, le coupé 204 est l'ancêtre de tous les petits coupés sportifs qui suivront : 304 S, 104 ZS, 205 GTI... Quant au cabriolet, pour lequel un joli hard-top en acier fut disponible dès l'automne 1967, il est également l'ancêtre des petits cabriolets modernes chez Peugeot : 304 et plus récemment 306, qui reprend le même principe d'un avant et de nombreuses pièces identiques à celles de la berline. Les coupés et cabriolets 204 avaient la même motorisation que la berline mais avec une vitesse de pointe légèrement supérieure (143 km/h). Équipés de suspensions abaissées, d'une ligne plus basse, d'un tableau de bord à trois cadrans ronds qui sera monté sur la berline et le break grand luxe l'année suivante, ainsi que d'un allume-cigare et de deux cendriers supplémentaires dans les accoudoirs de portières (uniquement sur le millésime 67) ce qui faisait un total de trois cendriers pour une voiture à deux places comme le cabriolet ! Ils furent construits à un peu plus de 18 000 exemplaires pour le cabriolet, et un peu plus de 42 000 pour le coupé, jusqu'en mars 1970.
Le coupé en 1969
Le pick-up (Prototype) en 1970
La Fourgonette en 1970
Le coupé Auto bleu en 1967
La version diesel en Berline de 1974
Salon de l'automobile en 1970
La fourgonnette 204 apparue en même temps prenait la suite de la très confidentielle fourgonnette 403, disparue du catalogue en 1966 et qui avait sensiblement les mêmes capacités. Elle sera fabriquée jusqu'en juin 1976 à un peu moins de 38 000 exemplaires avant que son homologue en 304 ne prenne le relais.
Mais il faut préciser qu'avant d'en arriver là, Peugeot est passé, grâce aux ventes de la 204, du quatrième au second rang de constructeur automobile de voitures particulières en France, à partir de 1969. Première des trois années où la 204 sera la voiture la plus vendue en France...
Une mauvaise surprise avait pourtant eu lieu le 1er janvier 1968, en guise de nouvel an : le passage à 33,3 % de la TVA sur les voitures neuves... Et en 1969, les premières limitations de vitesse (ce qui n'est pas plus mal).
Mais la 204 n'allait pas s'arrêter là. Au Salon de Paris 1967, le break diesel est dévoilé au public, il est doté d'un 1 255 cm3 de 46 ch SAE - 40 ch DIN - (5 cv fiscaux) et roule à plus de 120 km/h. A cette époque Peugeot et Mercedes sont les leaders incontestés en la matière. Peugeot dont les débuts du diesel remontent à la 402 d'avant-guerre, s'est forgé dans ce domaine, grâce à la 403, puis à la 404. Les performances, la faible consommation, la réduction du préchauffage et du bruit ont bâti la réputation du constructeur en la matière. En juin 1965, un prototype sur base de cabriolet 404 équipé en diesel, a battu une impressionnante série de records du monde sur le circuit de Montlhéry, pour conforter ses performances et son image en la matière (records dont certains seront encore battus par une 304 diesel en juin 1973, toujours sur le circuit de Montlhéry). Pendant ce temps, la 204 diesel attendait son heure dans les projets du bureau d'études. Gros succès, "le kilomètre à moitié prix" que vantaient les publicités de l'époque, a véritablement lancé le diesel accessible pour tous, en France, avec pour la première fois au monde un moteur diesel en aluminium. Intéressant principalement les artisans et les commerçants (d'où la version break), la version berline diesel n'apparaîtra qu'en septembre 1974 au Salon de Paris pour le millésime 1975. Ce fut, d'ailleurs, le seul de l'histoire d'automobiles Peugeot où une série complète était simultanément en production (104, 204, 304, 404, 504 et 604).
A l'automne 1968, les 204 coupés et cabriolets reçurent des pneus 145 x 14 (qui équipaient les breaks depuis le début de série) en remplacement des 135 x 14 (conservés sur les berlines). Sur tous les modèles, un bandeau de caoutchouc noir sur les pare-chocs, une nouvelle fixation du moteur (pour les versions essence), des barres antidévers et un nouveau volant. A l'automne suivant, la puissance du moteur fut légèrement augmentée, passant à 60 ch SAE (55 ch DIN) par l'adoption d'un nouveau carburateur et d'une nouvelle culasse pour le millésime 1970, ainsi qu'une nouvelle colonne de direction articulée (pour limiter les dégâts sur le conducteur en cas d'accident grave), une surface de freinage augmentée et un alternateur sur les coupés-cabriolets en remplacement de la dynamo. En avril 1970, la production des coupés-cabriolets cesse. Pour le millésime 1971, les 204 adoptent les intérieurs de porte de la 304, qui modernisent l'aspect général, et un alternateur. Pour 1972, le sigle de calandre Peugeot des 204 est remplacé par un petit lion doré identique à celui qui sera monté quelques mois plus tard sur les 304. Les voitures sont enfin livrées avec un rétroviseur extérieur, car jusque-là, aussi incroyable que cela peut nous sembler aujourd'hui, les voitures étaient produites sans cet indispensable élément. Pour 1973, les berlines reçoivent des nouveaux feux arrière plus long.
Le moteur diesel 1 255 cm3 fut remplacé en avril 1973 par un nouveau de 1 357 cm3 développant 45 ch DIN qui permettait au break diesel d'atteindre 130 km/h tout en restant dans la catégorie des 5 cv fiscaux. Cette année-là, la puissance des moteurs exprimée en chevaux SAE est remplacée par la puissance en chevaux DIN, légèrement inférieure. En juin 1974, date importante pour le constructeur, un accord entre Peugeot et Michelin (actionnaire principal de Citroën) prévoit le rachat de Citroën par Peugeot PSA, avec prise de contrôle complète en 1976. Pour 1975, les 204 reçoivent un signal de détresse (warning), un volant type 304 et de la moquette, à l'avant et à l'arrière sur la berline ainsi qu'une insipide calandre en plastique noir en remplacement de la jolie calandre chromée, cette dernière n'était plus à la mode... Une version diesel de la berline est proposée au public.
Enfin, pour le dernier millésime de la 204 (1976), les ceintures de sécurité avant furent montées avec enrouleurs, et un emplacement d'autoradio fut adjoint sous la planche de bord. Les versions essence reçurent un nouveau moteur de 1 127 cm3 de 59 ch DIN, avec des petites bougies coniques (identiques à celles montées sur la petite 104). Il était un peu plus puissant, encore plus souple que le précédent et consommant encore moins. La "chasse au gaspi", due à la première crise pétrolière de 1973, était passée par là... Enfin la lunette arrière chauffante disponible jusque-là en option, passe en série. Mais, avant d'en arriver là, "la plus parisienne des grandes routières", un autre surnom de la 204, s'était dédoublée à l'automne 1969 en 304...
Le coupé Ducarme
Extrait du livre Peugeot 204-304 Les Edition du Fil conducteur Auteur : F.Allain
Video publicitaire de la 204
Merci a F.Allain Auteur du livre "Peugeot 204-304 Edition Du Fil Conducteur"  d'avoir crée un ouvrage fabuleux sur la première Sochalienne a traction avant la 204 !
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